DE LA ROUTE JUSQU'À VÄSTERÅS 13
la première partie de la route était segmentée.
il nous fallait descendre dans un supermarché
où les émotions attendaient au congélateur.
une lumière néonisée pesait sur mes paupières.
il était dimanche et peu de voitures remplissaient le parking.
il faisait chaud sur notre fatigue et la voiture beuglait sous nos bagages.
un grand chariot me conduisait par les rayons et je remplissais la corbeille.
ma fille courait de ses jambes et disparaissait dans les étals,
défiant sa babysit aux mains ballantes qui
d'aucune effusion de lèvres et d'aucune main
penchait en arrière,
alors qu'avec l'enfant il faut pencher vers l'avant.
je planais sans résignation sur mon impuissance à être auprès de
l'enfant et de mes achats.
les charges, les surcharges tournoyaient dans ma poitrine
et je n'arrivais pas à les évacuer.
mon cœur me signifiait que je ne savais plus me munir de gants
pour prendre la situation en main.
et dans le constat de mon incapacité
il fallait que je me laisse traverser
par ce qui me dépassait.
même ma voix n'avait plus la force de s'élever ou de restreindre.
je chuchotais pour me faire entendre
et j'étais sans mesure par rapport à ma disqualification.