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L’ÉTÉ ENCORE
J’avance dans la neige, j’ai fermé
Les yeux, mais la lumière sait franchir
Les paupières poreuses, et je perçois
Que dans mes mots c’est encore la neige
Qui tourbillonne, se resserre, se déchire.

Neige,
Lettre que l’on retrouve et que l’on déplie,
Et l’encre en a blanchi et dans les signes
La gaucherie de l’esprit est visible
Qui ne sait qu’en enchevêtrer les ombres claires.

Et on essaye de lire, on ne comprend pas
Qui s’intéresse à nous dans la mémoire,
Sinon que c’est l’été encore; et que l’on voit
Sous les flocons les feuilles, et la chaleur
Monter du sol absent comme une brume.
SUMMER AGAIN
I go through the snow. I closed
My eyes, but the light can still get through
My porous eyelids, and I perceive
That in my words it’s still the snow
That swirls, thickens, bursts.

Snow,
A letter that we find and unfold,
And the ink on it has faded and in the marks
The clumsiness of the wit is visible
Which can only muddle up its sharp shadows.

And we try to read, we don’t understand
Who is interested in us in memory,
Except that it’s summer again; and we see
Under the flakes the leaves, and the heat
Rise from the missing sun like a mist.