IDENTITÉ
Quelle identité serait tienne, de ta mort ?
tu es, diraient certains, la tombe et son dedans,
et la pierre tombale avec ton nom
mais cela n’est pas autre chose que dire :
vivante, tu étais ce corps vêtu et non vêtu,
ce corps qui contenait ta pensée (ou ton âme)
et ce corps aussi portait ce nom, le tien
l’identité ne persiste dans le monde que de cette analogie
tu es, diraient d’autres, telle que te restituent
dans leur souvenir, s’ils se souviennent, ceux
qui t’ont, ne serait-ce qu’un instant, connue
ainsi tu serais, mais divisée, changeante, contradictoire,
dépendante, par éclipses,
et quand chacun de ceux-là sera mort, tu ne serais plus.
et sans doute, ici encore, l’idée de survivance emprunte aux
caractéristiques mêmes du monde de ta vie
mais, pour moi, il en va tout différemment :
chaque fois que je te pense, tu cesses.